
Liam (10 ans) veut absolument s’acheter le dernier jeu de sa série de jeux vidéo préférée. Mais il a déjà dépensé tout son argent de poche. Il demande donc de l’argent à son ami Elio (10 ans): «Tu pourrais me prêter 50 francs, s’il te plaît? Je te les rendrai la semaine prochaine, promis!» Elio se demande s’il doit prêter l’argent à Liam. Celui-ci lui doit déjà 20 francs et Elio n’est pas sûr que Liam puisse rembourser ses dettes cette fois-ci.
L’exemple le montre: emprunter et prêter de l’argent fait partie du quotidien des enfants et des adolescents. Si les petits montants ne semblent souvent pas poser de problème, des emprunts fréquents ou des sommes plus importantes peuvent être le signe de problèmes tels qu’une planification financière insuffisante ou des difficultés à gérer l’argent de manière responsable. Dans ce cas, les emprunts fréquents peuvent indiquer un manque de budgétisation ou, au contraire, conduire les enfants et les jeunes à perdre le contrôle de leurs finances.
Par ailleurs, les enfants qui sont souvent sollicités pour de l’argent ou qui prêtent régulièrement de l’argent sont confrontés à des situations où ils se sentent mis sous pression. Ils peuvent alors être amenés à donner plus que ce qu’ils peuvent supporter eux-mêmes. Les parents sont donc bien avisés de prêter attention aux situations dans lesquelles leur progéniture emprunte ou prête de l’argent.
Les parents doivent toujours garder à l’esprit que ni l’emprunt ni le prêt d’argent ne sont fondamentalement négatifs. Si leur progéniture est toujours en mesure de rembourser ses dettes et de garder une vue d’ensemble de la somme qu’elle doit à qui et à quel moment, cela témoigne d’une saine compréhension de la gestion responsable de l’argent. Le défi pour les parents consiste dans de telles situations à savoir si leur progéniture rencontre des difficultés avec ce sujet et comment l’aider.
«Prêter de l’argent est généralement un sujet de discussion au sein de la famille ou du cercle des amis les plus proches», explique Christoph Walter. Il est à la tête de l’association Jugendberatung JuAr Basel qui conseille les adolescents et les jeunes adultes du canton de Bâle-Ville entre autres sur les questions liées à l’endettement et à la gestion de l’argent en général.
«Prêter de l’argent est généralement un sujet de discussion au sein de la famille ou du cercle des amis les plus proches.»
Christoph Walter, directeur de l’association Jugendberatung JuAr
Les parents devraient être vigilants si leur progéniture ne peut plus rembourser l’argent emprunté et accumule les dettes, conseille l’expert.
Si le fait d’emprunter souvent de l’argent à d’autres personnes se combine avec une demande régulière d’argent de poche supplémentaire ou d’une avance sur celui-ci, cela peut être le signe de problèmes de gestion de l’argent. D’autres signes possibles de ces difficultés sont des dépenses fréquentes ou excessives ou des difficultés à gérer un budget.
Christoph Walter conseille aux parents d’aborder le sujet en faisant preuve d’un intérêt sincère: «Les parents peuvent profiter de cette occasion pour demander à leur progéniture pourquoi l’argent de poche ne suffit pas et à quoi sert tout l’argent emprunté.» Une mesure de soutien pourrait être l’introduction d’un salaire jeunesse, ajoute Christoph Walter. «Cela permet de mieux apprendre à gérer l’argent de manière autonome et d’exercer en même temps la tolérance à la frustration.» S’il s’avère que l’enfant a tendance à effectuer des achats impulsifs, les parents peuvent le sensibiliser au fait de prendre des décisions d’achat conscientes.
Outre l’introduction d’un salaire jeunesse, il existe d’autres possibilités pour aider les jeunes à gérer leur argent, comme l’introduction d’un plan fixe d’argent de poche sous la forme d’un Kakebo, qui offre une structure claire et une aide à la gestion financière. L’établissement d’un budget permettant de planifier les dépenses mensuelles favorise en outre une meilleure compréhension de la gestion de l’argent.
Il se peut aussi que les jeunes n’aient pas encore tout à fait assimilé le concept d’épargne et qu’ils ne comprennent pas encore pourquoi il est intéressant d’économiser et d’atteindre ainsi des objectifs d’épargne. Les deux articles suivants proposent des idées créatives pour motiver les enfants à épargner et des conseils pour faciliter la répartition de l’argent.
Les enfants et les adolescents d’aujourd’hui sont des «digital natives» et utilisent leur smartphone et d’autres terminaux pour organiser leur vie quotidienne. Dans ce contexte, l’application gratuite Splid est utile pour la gestion de l’argent emprunté, car elle permet de consigner rapidement qui doit combien à qui. Avec Splid, les utilisatrices et les utilisateurs peuvent suivre leurs dépenses, planifier leurs remboursements et garder en permanence une vue d’ensemble de leurs finances.
L’article suivant présente d’autres applications pour gérer un budget, par exemple lors de vacances entre amis.
Prêter de l’argent de manière répétée ne pose pas fondamentalement de problèmes. Mais des complications peuvent apparaître lorsque l’on récupère trop tard ou pas du tout l’argent prêté.
Dans de tels cas, les parents devraient être attentifs, en particulier si l’enfant se fait souvent demander de l’argent par d’autres et se sent mal à l’aise ou mis sous pression.
Les causes de ce comportement peuvent être de différentes natures. Là encore, un entretien pour clarifier la situation s’impose. Il se peut que l’enfant n’ait en général pas la capacité de dire «non» ou qu’il ait peur d’être rejeté. Selon Christoph Walter, la pression exercée par le groupe peut également jouer un rôle à cet égard: «La pression de groupe se manifeste très tôt à l’école, notamment en matière de consommation et de statut.» En effet, lorsqu’un enfant a le sentiment de devoir se conformer aux attentes ou au comportement de ses copains et copines, la pression augmente pour qu’il prête de l’argent afin de faire partie du groupe ou d’être accepté. «Nous avons recueilli des réactions isolées lors de cours dispensés dans des écoles», commente Christoph Walter. «Si des relations d’argent s’immiscent dans les amitiés, cela peut être une source de stress.»
Pour contrer cette pression de groupe, les parents peuvent prendre différentes mesures: les jeux de rôle permettent par exemple de renforcer la confiance en soi de l’enfant et de le préparer à différents scénarios. Il est important d’enseigner à l’enfant des stratégies de refus polies et claires afin de l’aider à préserver ses propres limites.
«Si des relations d’argent s’immiscent dans les amitiés, cela peut être une source de stress.»
Christoph Walter, directeur de l’association Jugendberatung JuAr
Les discussions sur la véritable amitié et le respect mutuel peuvent également aider à cet égard: une véritable amitié ne se termine pas simplement parce qu’une personne refuse de prêter de l’argent à l’autre. «Tu crois que ces gens ne t’aimeront plus si tu ne leur prêtes plus d’argent?» En fonction de la réponse de l’enfant à cette question, il lui sera plus facile de savoir qui sont ses vrais amis.
Les personnes qui prêtent de l’argent à d’autres personnes souhaitent également le récupérer. Mais en même temps, elles ne veulent pas se retrouver dans une situation inconfortable où elles posent des exigences et donnent ainsi aux autres le sentiment qu’elles ne leur font pas confiance. Quelle est donc la meilleure façon de procéder? «Il est recommandé de conclure des accords à ce sujet», conseille Christoph Walter. «Dans ce cadre, il convient de convenir de modalités de remboursement claires. Le cas échéant, cela vaut également la peine de rédiger un accord de remboursement par écrit.»
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